lundi 9 février 2009

Charles Colmance: LE CHANT DE L'ARABE.



A cheval fils d'Allah! de notre guerre sainte
Entends les cris
Aux armes vrais croyants! pour qui connait la crainte
Honte et mépris!

Nous auront pour venger notre belle contrée,
Par l'alcoran!
Et le bras du prophète, et la lame acérée

Du yatagan.

***
A nous braves flitas, à nous fougueux kabile

Du sud au nord;
Jusque sous leur rempart, jusqu'au sein de leur ville
Portons la mort;
Frappons, renversons tout, rendons guerre pour guerre,
Guerre en tout lieux!
Qui meurt pour son pays trouve en quittant la terre,

Sa place aux cieux.

***

Chrétiens, de vos bienfaits nous avons vu les suites
L'œil du courroux,

Nos troupeaux dispersés, nos cabanes détruites

Parlent pour nous,

Quand réduits à cacher nos femmes éplorées

Dans nos buissons,
Vous ravagiez nos champs et les gerbes dorées

De nos moissons.

***
Qui vous a demandé vos lois et vos services
Payés si chers;

Vous avez introduits votre luxe, vos vices,

Dans nos déserts;

Au delà de ce monde dont vous voyez la cime,

Lieu redouté,
Nous possédons un bien plus noble, plus sublime,

La liberté!
***

Vous Français qui troublez la paix, l'indépendance

De nos foyer,
Qui de vous blâmera la juste résistance
De nos guerriers?

Ne nous souvient-il plus, qu'un jour la tyrannie
Pesait sur vous,
Et que, comme un seul homme, au nom de la patrie

Vous marchiez tous.

***

Soutenez donc vos droits, sans vous mêler des nôtres,
Peuples pervers;

Las d'obéir chez vous, vous allez chez les autres

Porter des fers;
Pour nous, qui chérissons le sol qui nous vit naître

Jurons au ciel,

Que les fils du désert n'auront pas d'autres maître,

Que l'éternel!


Charles Colmance ancien graveur sur bois pour impression sur étoffe, est né à Paris en 1805. Des chanteurs célèbres de son temps, dont Darcier Pacra et Hortense Schneider, interprétèrent ses œuvres. Sans instruction musicale, il a fait pour ses chansons une trentaines d'airs. D'autres airs ont été faits pour lui par des compositeurs les plus populaires de son temps.
Le ton anticolonialiste de cette chanson est exceptionnel à l'époque, même chez les chansonniers socialistes et ouvriéristes. Certains pensent qu'elle a été traduite d'un poème populaire algérien par des combattants de Juin 1848 déportés en Algérie.

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